Croisant photographie et intelligence artificielle, Banat Al Fi’9a (The Silver Girls) retrace le voyage initiatique de deux jeunes omanaises dans un territoire hanté par le spectre du patriarcat. Reprenant la construction d’un conte de fées, l’artiste visuelle Eman Ali entend déconstruire les barrières qui emprisonnent les femmes, tout en puisant dans l’histoire et la symbolique de son pays d’origine. Un processus captivant dont elle nous livre les prémices dans la première partie de notre entretien.
Fisheye : Comment te présenterais-tu, Eman ?
Eman Ali : Je suis une artiste visuelle omanaise. Je perçois ma pratique artistique comme un outil me permettant d’interroger notre société, d’observer et d’enquêter sur l’histoire complexe de la péninsule arabe. Lorsque je me sens déconnectée du monde qui m’entoure, je prends du recul et je me réfugie dans l’eau.
Comment t’es-tu tournée vers les arts visuels ?
Durant ma jeunesse, l’art n’a pas vraiment fait partie de mon quotidien – ni chez moi ni à l’école – aussi, je ne me suis jamais considérée « artiste ». Pour moi, seul·es la peinture et le dessin existaient, et puisque je n’étais pas douée dans l’un comme dans l’autre, je n’ai jamais songé à en faire ma carrière. J’étais, en revanche, obsédée par l’élucidation de mystères. J’ai développé une fascination pour la science médico-légale suite à ma découverte d’une affaire de meurtre non résolue : celle de JonBenét Ramsey (une célèbre mini-miss américaine qui fut retrouvée assassinée à l’âge de six ans dans sa maison familiale, dans le Colorado, ndlr). Adolescente, je dévorais les articles de magazines américains dédiés au crime et je ne regardais que des thrillers – des films comme des séries telles que CSI. Bref, j’adorais résoudre des énigmes, démasquer les coupables.
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